Le jeune leader congolais, Innoss’B, a mis en ligne son deuxième album solo « Mortel-06 » sur toutes les plateformes de streaming et téléchargement légal le dimanche 26 décembre, aux alentours de minuit. Une oeuvre qui vient marquer l’éclosion du mouvement urbain en République Démocratique du Congo.
Bien, Mortel-06 est désormais disponible. Vous l’avez déjà auditionné ? Bien RM La Fleur Du-béton vous en parle.
Avant de me pencher sur l’artistique, j’aimerais bien évoquer un détail important que le public kinois a souvent tendance d’oublier quand il parle d’innoss’B.
Il ne faudrait pas oublier que le mec n’a que 24 ans et a encore une large marge de progression pour atteindre le sommet de son art. Mais quand on regarde son parcours, on a du mal à croire que c’est celui d’un jeune artiste car il a déjà accompli bien de choses que certains artistes qui se sont lancés en solo après s’être affûtés aux côtés des grands noms de la chanson congolaise.
Et donc quand vous parlez de cet artiste rendez vous compte qu’il ne s’agit pas là d’un artiste qui est passé par le Wenge Musica Maison Mère du grand formateur Werrason, Innoss’B n’est pas un produit de BCBG de papa chéri JB Mpiana. Il n’a ni évolué chez koffi Olomide ni chez Papa Wemba pour apprendre comme ce fut le cas pour la plupart de ses aînés de la rumba.
Il s’agit là d’un mec qui a appris à bien parler lingala que durant la dernière décennie et n’est pas un natif de Kinshasa. Il venu de l’Est du pays, il a vu, il appris et vaincu. Le bonhomme s’est imposé dans la hiérarchie musicale du pays par son talent et son caractère de fer. Mortel-06 c’est son deuxième album mais concrètement, c’est son premier. Il est complètement urbain et n’oublions pas que nous sommes au Congo, un pays où 70 % de gens écoute de la rumba congolaise et du Ndombolo. Innoss’B est un talant de génie, un visionnaire incompris. C’est le prix à payer quand on est le fer de lance d’une révolution.
Un jeune leader qui s’assume
Enregistrer un projet de 15 tracks en espace de deux mois, annoncer sa sortie que une semaine avant sans baliser son chemin avec un ou deux single et nous le sort sans un moindre featuring alors qu’il est attendu au tournant ? c’est très osé et il faut vraiment avoir confiance en soi pour le faire. Oui, j’ai entendu les gens dire qu’il n’est pas le premier à le faire car il y a des albums rumba de plus de 20 tracks sans feat. Et ils n’ont pas menti mais, tenez compte du contexte et vous comprendrez que c’est vraiment osé.
Ce qui me plaît chez le Molodoï, c’est tout d’abord son attitude, un vrai leader. Malgré son jeune âge, le mec est bien conscient du rôle qu’il joue dans le mouvement urbain en RDC. Il opère selon ses propres convictions et assume ses choix et décisions. Son opus Mortel-06 c’est aussi un message fort lancé à la jeunesse congolaise. Je crois qu’il a fait les choses de sorte à faire comprendre aux jeunes qu’on peut réussir en faisant bien, en faisant seul sans lécher les bottes à quelqu’un. C’est fort.
Mortel-06 un arsenal de belles mélodies
En ce qui concerne l’artistique, perso, je le trouve lourd l’opus. C’est la musique d’aujourd’hui et je fais un Big up à son frère Fonkodji Balume pour son taff énorme sur prods. Il a vraiment assuré.
Fonkodji Balume
L’opus comporte des morceaux zouk, rumba et Ndombolo 2.0 mais il reste un projet urbain. Ce qui est bien c’est que chacun y trouve son trident de chansons préférées. Mes coups de coeur sont : Adieu, Toc Toc et Sukali, Naomie Campbell.
Naomie Campbell
Bien calibré sur un public
En sillonnant la toile, j’ai vu les commentaires de certains mélomanes qui trouvent les paroles de ses chansons trop enfantines. Mais non, je dirais que ce sont plutôt eux qui sont trop vieux. La fanbase du Tigre (Les griffes du tigre) est très jeune ( 15 à 25 ans) et je pense que l’écriture et la compo ont été calibrées sur ce public cible. Il sera peut-être mal compris par les mélomanes kinois (génération Wenge) qui sont très conservateurs, mais il va sûrement accrocher ailleurs.
Le fer de lance d’une révolution musicale se doit à tout prix d’être authentique
Ici, je donne un peu mon point de vue sur le concept « AfroCongo ». Le mec fait bien son taff et il faut reconnaître qu’il le fait merveilleusement bien. Par contre, à mon humble avis, le concept « Afro Congo » doit être repensé et reformulé dans la forme et dans le fond car quand on l’observe d’un œil averti, on se rend compte le truc de rapproche trop de l’Afrobeat nigérian.
Innocent B. a tous pour rivaliser avec de Wizkid mais il doit s’y prendre avec des projets très authentiques du genre « Yope ». On a tous les ingrédients au pays. L’artiste et son beatmaker arrivent déjà à mélanger le Ndombolo et la Rumba avec d’autres choses mais je pense qu’ils doivent également puiser dans nos folklores et travailler de sorte à les faire raisonner d’une manière moderne.
RM La Fleur Du-béton