Si vous avez kiffé la chanson « O’A Motema Mabe » et « Biloko Ya Boye » d’Alesh, il faut remercier Werrason

Le King Lesh rend hommage au phénomène Werrason et révèle s’être inspiré de l’univers musical de cette légende de la chanson congolaise pour repeaufiner son style et le rendre accessible à toutes les couches de la société congolaise.

Sur le sol français depuis quelques jours, le lauréat de la 40ᵉ édition du Prix Découvertes RFI, le rappeur congolais Alesh, a reçu son trophée et s’est produit, pour la première fois de sa carrière à Paris, sur la scène du fameux studio 104 de la Maison de la Radio, le 24 février dernier.

Juste 2 jours après ce concert où il a foutu le feu, celui qui se surnomme « Mwana ya Nzembe » (enfant de Dieu) a donné une interview à la chaîne Youtube Congo Révolution. Et au cours de cette échange de plus d’une heure, d’entrée de jeu, le chroniqueur a évoqué les bonnes vibes avec lesquelles l’artiste a émerveillé le public sur la scène du Studio 104.

Sur quoi le natif de Kisangani a renchéri en faisant savoir qu’étant congolais, ambiancer le public dans un show était quelque chose de normal, le Congo est une terre de la musique et de la chanson. Avant de lâcher une anecdote expliquant comment il a su se doter de ce style de musique si particulier, à la fois ambianceur et interpellateur, avec des détails qui nous ramenent à la puissance de la Rumba, du Ndombolo ainsi qu’à la notoriété du Roi de la forêt Werrason, qui, d’après lui, devrait être mis au service du bien-être des congolais :

« Je viens du Congo, terre de la musique et de la chanson. J’ai pris du temps. Tu vois par exemple là, Popol, notre émission, nous la passons en français. Mais je sais qu’il y a énormément de gens dans notre communauté qui sont mal à l’aise. Et c’est comme moi. En fait, au début de ma carrière c’étaient des textes entièrement écrits soit en français soit anglais. Après il y a eu un déclic. J’ai compris qu’il y a un truc qui ne marche pas. « pourquoi on arrive pas à mobiliser ? » Nous c’est des textes qui sont recherchés de ouf, des gros efforts et tout mais on arrive pas à mobiliser autant de masses que nos vieux, nos amis de la rumba. Alors j’ai commencé à m’interroger », explique-t-il dans un premier temps chez Congo Évolution.

Avant d’enchaîner puis révéler comment il s’est inspiré de Werrason : « Et Aujourd’hui, je vais lui rendre hommage. Le déclic pour moi ça été le vieux Werrason. Parce que vous savez, à part la musique, je fais également autres choses, mes business et tout. En 2016, je suis invité comme sponsors au festival « Amani ». Et la grande tête d’affiche c’était le vieux Werrason. Je suis arrivé et j’étais au fond, genre au fond de la salle et tout, j’observais ce qui se passait. Et quand le vieux Werrason était rentré avec sa guitare ( la mélodie qui introduit le générique Malewa), il y avait 15 milles personnes et j’ai senti Goma vibrer. Et là, ça été le déclic. Et j’ai commencé à me dire ce vieux il est aussi puissant mais, sans manquer de respect, il lui manque un truc. À vrai dire ce vieux, avec toute cette puissance devrait être une vraie force sociale, une institution sociale. Genre quand Werrason donne un mot d’ordre en RDC, tout le monde se plie.»

Chroniqueur : Mais tu n’as pas vécu cette époque à Kinshasa où Werrason donnait des mots d’ordre ?

Alesh : « non non, je l’ai vécu de loin, t’inquiètes. Mais ce n’est pas que genre parler aux chegués (enfants de la rue) faites ceci et tout. Non, c’est genre quand il y a hausse de prix de pain, Werrason dit : « chers boulangers, je vous donne 48 heures pour baisser le prix, si c’est un problème avec le taxe que vous connaissez, je vais aller voir les autorités. » Je me suis dit mais nous, on a la science, c’est vrai que nos vieux sont aussi passés sur les bancs de l’école, mais nous, on a la chance d’être né dans ça et notre musique elle est fortement imprégnée. J’avais pensé à mon amis Lexxus Légal, le Dixon, KMS et nous autres, on s’est tué à gratter des textes mais on a jamais su galvaniser la foule comme ça.

Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Et là, je me suis dit ok. Qu’est-ce que je produit comme musique ? C’est du rap français, une musique d’ailleurs, là, il y a déjà un problème parce qu’il y a une cassure avec la base. Je me dit ok, je crois qu’il faut que je m’éloigne d’abord de la langue française, un tout petit peu, pour me reconnecter avec la base. Cette base qui n’a pas accès à une éducation de qualité. De deux, le rap a un gros flux de paroles, est-ce que je ne peux pas créer un genre musical qui n’a pas beaucoup de paroles et qui serait compréhensible ? Après je me dis toujours que l’un de mes rêves c’est de jouer un jour au Stade de Martyrs et voir les chegués chanter mes chansons. C’est comme ça que j’ai commencé peu à peu à tenter de me créer un univers artistique et de m’éloigner du rap, de m’éloigner de la langue française. Premier morceau et bam ! 2017, « O’A Motema Mabe », un gros carton et la première force était partie de la diaspora congolaise de l’Europe. C’est comme ça que tout est parti.»

Rappelons que le nouveau clip de sa chanson dansante « Aller-Retour », extrait de l’album Mongongo, est disponible sur youtube depuis le 18 février dernier. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le voir, nous vous le proposons ci-dessous.

RM La Fleur Du-béton

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