Zozo Machine en figth rapologique avec Youssoupha sur le titre « Sango Nini ». Un combat qui oppose le champion de l’hexagone à celui de Kinshasa. Avec son refrain revendicatif, Yuma Dash s’entremet entre les 2, tel un arbitre de boxe, pour rappeler le parcours exceptionnel réalisé jusqu’ici.
Hormis le fait d’être un genre musical, le rap est aussi souvent présenté, par la « Rue », comme un sport de combat telle que la boxe anglaise. Ainsi, à chaque fois que deux bons MC se retrouvent face au microphone pour poser sur un même morceau, quand bien même le contexte n’est pas celui d’un battle, peu importe leurs rapports, ils se considèrent sur un ring et l’un cherche toujours à être meilleur que l’autre. Bref, on ne se fait pas des cadeaux dans le game.
Combat rapologiquement loyal entre deux champions
Et sur le titre « Sango Nini », extrait du nouvel EP Seseseko du groupe de hip-hop kinois MPR, sorti depuis 22 juillet dernier, le talentueux rappeur Zozo s’est très bien défendu face à la maestria de Youss. Les 2 Mc ont proposé un bon figth en termes de techniques, flows, rimes et punchlines.
C’est parti pour notre deuxième audition de ce mini-album de 9 tracks. Sango Nini, c’est une chanson de 4 minutes et 12′ dont le titre veut tout simplement dire « Quoi de neuf ». Dans cette piste, les 3 artistes ont posé sur une prod Trap avec un refrain hard.
Zozo Machine
Considéré par le public comme celui qui détient la ceinture, dans la catégorie poids lourds du game congolais, Zozo n’a vraisemblablement pas l’intention de laisser un autre rappeur lui ravir ce titre. Et pour rester imbattable, le coéquipier de Yuma Dash kicke fort avec des champions.
Sachant que son groupe est en featuring avec le Prim’s Parolier, l’un des meilleurs MC de l’hexagone de ces deux dernières décennies, Zozo a sorti sa plus lourde artillerie. Il savait que ce morceau était énormément attendu par les mordus du rap et qu’une performance de piètre qualité de sa part aurait donné des arguments à ses détracteurs qui deviennent de plus en plus nombreux dans la scène urbaine du pays. Alors l’artiste qui nous vient de la commune de Matete a placé le curseur à l’endroit qu’il fallait. Avec un couplet costaud, plein d’egotrip et bien calé techniquement, ce dernier amorce le son par une avalanche de punchlines incisives qui ensevelit la prod. Armé d’un flow bien affûté et des rimes éloquentes, Z. Machine s’en est bien tiré avec beaucoup de fierté. En tout cas il a prouvé qu’il mérite bien le trône du Pool Malebo.
Youssoupha
Quant au Lyriciste Bantou, il n’avait pas quelque chose à prouvé. Le vétéran a toujours traîné avec lui la réputation d’un tueur au M.I.C. Par respect, on ne va pas vous citer les noms des rappeurs français qu’il a assassiné sur un instrum au long de sa carrière. Cependant, il y avait tout de même un enjeu. Eh oui, en tant que aîné du domaine, il se devait de préserver le respect de la hiérarchie dans cette collaboration. À cet effet, le bonhomme de Bomaye Music nous a gratifié d’une masterclass comme d’hab. Le jonglage de mots plein d’aisance un peu comme Ronaldinho le ferait avec un ballon de foot, c’est légendaire !
Quelques égratignure
Cependant, en nous lisant, vous êtes certainement curieux de comprendre en quoi cette collection est un figth rapologique. Eh bien, comme nous l’avons épinglé au deuxième paragraphe de notre article, un featuring entre deux rappeurs à toujours été un challenge, une compétition. Et si vous auditionnez les deux couplets avec une oreille fine, vous comprendrez que chacun s’est dit meilleur et égratigne un peu l’autre.
Par exemple la partie « projet oyo eza fête mais cadeau ezala té » où Zozo déclare ne pas vouloir des cadeaux même si ce projet est une fête. Il y aussi ceci « Santri asali prod pona yemba mais na lié ». Alors à quoi fait-il allusion quand il déclare que le beatmaker, Santri, a conçu la prod de ce projet pour qu’il puisse y chanter mais il a bouffé en fin de compte. Qu’a-t-il mangé, l’instrum où le couplet de Youss ? Et l’entrée agressive de Prim’s dans le deuxième couplet, qu’en pensez-vous ? « Ndeko tika ko ganga couplet nanga ebandi », ça ressemble un peu à la réaction d’une personne touché par un coup qui s’en presse de réagir n’est-ce pas ?
Vous allez peut-être me dire qu’il n’y a rien parce-que les 2 rappeurs se sont mutuellement dédicacés dans leur couplet respectif et nous vous répondrons que c’est du faire-play. Deux boxeurs se saluent toujours à la fin du combat. Et que pensez-vous de la conclusion de Youss « rappeur moko aleki nga te, oyo aleki nga nazo mon’e na talala, eza nga moko Prim’s ». Et donc, tout comme Zozo, Youssoupha finit son couplet en lâchant un coup. Il dit précisément qu’aucun rappeur n’est meilleur que lui, hormis celui qu’il voit dans le miroir et la rue le sait. Nous vous laissons tirer des conclusions. Mais attention, rien n’est vraiment réel. C’était juste une chronique faite pour de manière particulière.
RM La Fleur Du-béton