Ce dimanche 5 juillet, Kanye West a annoncé vouloir entrer dans la course à la Maison Blanche. Ce n’est toutefois pas aussi simple.
Ce ne serait pas la première fois que Kanye nous fait le coup. Il y a cinq ans, lors des MTV Video Music Awards, il prétendait déjà vouloir entrer dans la course à la présidence en 2020. Mais là, tout semble plus réel, plus concret. Ou presque. Dimanche 5 juillet, Kanye West a annoncé ses intentions dans un tweet : il sera candidat aux élections présidentielles qui se dérouleront dans quelques mois. Et on n’en saura pas plus pour l’instant.
We must now realize the promise of America by trusting God, unifying our vision and building our future. I am running for president of the United States 🇺🇸! #2020VISION
— ye (@kanyewest) July 5, 2020
L’annonce survient comme le point culminant d’une semaine à forte actualité pour Kanye. Les projets du nouvel album God’s Country avec la sortie du premier single “Wash Us In The Blood” en feat avec Travis Scott, en passant par le volume 2 de Jesus is King avec Dr. Dre, la série d’animation Kids See Ghosts avec Kid Cudi, puis la collaboration de Yeezy avec GAP. Bref, tout une collection d’annonces que l’artiste avait visiblement réserver chaleureusement, placé sous l’égide de son hashtag : #WESTDAYEVER. Un hashtag, d’ailleurs, déposé comme nom de marque. Bref, tout ça jusqu’au climax : les élections présidentielles. Une annonce évidemment pas anodine, qui implique de nombreux éléments, crédibles ou non, que l’on a décortiqué au rythme de ses déclarations.
Un nom de parti et un programme électoral
Il aura fallu attendre une interview publiée ce mercredi au magazine Forbes pour capter plus nécessairement ses ambitions. Oui, Kanye sera candidat aux élections présidentielles. Et il ne s’alliera ni aux démocrates, ni aux républicains. Retirant son soutien à Trump, à qui il reproche l’épisode du bunker lors du mouvement Black Lives Matter, Kanye West se dresse à la tête d’un parti indépendant… le Birthday Party. Parce que «quand nous gagnons, c’est l’anniversaire de tout le monde». Il révèle également le nom de sa vice-présidente : Michelle Tidball, une prêtresse du Wyoming.
Plus surprenant encore, il dit vouloir baser son modèle de gestion du pays sur celui du Wakanda, dans la fiction Black Panther.Le tout, en dévoilant quelques thématiques de son programme très évangélisé, notamment en ce qui concerne son opposition au droit à l’avortement et sa volonté de rétablir la prière dans les écoles. Kanye West dément les accusations de vouloir faire de tout cela un gigantesque coup de pub pour son album en déclarant vouloir donner «son album gratuitement». Aussi, niant le fait que son arrivée éventuelle dans les bulletins de vote défavoriserait fortement le candidat démocrate Joe Biden, il explique que «c’est une forme de racisme, de suprématie blanche et de contrôle blanc que de dire que tous les Noirs doivent être démocrates et supposer que ma candidature divise le vote.»
Déterminé à défendre la cause noire, Kanye West veut en finir avec les violences policières. Il prévoit de s’attaquer directement aux lois qui, selon lui, favorisent et obligent les policiers à se comporter de la sorte en prenant l’exemple de l’affaire George Floyd. L’un des policiers présent ce jour là faisait effectivement son premier jour dans la police. Kanye le défend en expliquant que «si c’est votre premier jour dans les force de l’ordre, que c’est votre journée d’entraînement, et que ce flic accrédité OG avec 18 violations commence déjà à faire ça, allez-vous sauter devant cette personne et perdre votre emploi le même jour ? Surtout dans ce climat où 40 000 personnes ont perdu leur emploi ?»
Une arrivée tardive qui s’annonce complexe dans la course à Maison Blanche
Bien que ses propos relayés par Forbesviennent dissiper les doutes quant à ses intentions, Kanye a encore beaucoup à accomplir avant de pouvoir être considéré comme un candidat sérieux. Un tel engouement autour de ces déclarations n’est pas sans lien avec le fait que le président actuel soit aussi issu du monde du show-business. À côté de Trump, la possibilité d’élire un rappeur milliardaire parait soudainement plus plausible. Mais à moins de quatre mois des élections, Kanye est un peu juste pour commencer une campagne. Car oui, un tweet n’est pas un campagne, comme l’explique l’expert en la matière Nathan L. Gonzales dans une interview pour complex
«Pour l’instant, ce n’est pas une campagne. Il s’agit d’un tweet sur une campagne potentielle.»
Une campagne présidentielle s’inscrit dans un cadre formel très stricte où tout doit être validé par la Commission électorale fédérale. Son parti, bien qu’il ait visiblement un nom, ne semble pas être officiellement reconnu. Il doit aussi recueillir un certain nombre de signatures d’électeur dans chaque état, dont la date limite pour le faire a déjà été dépassée dans six d’entre eux. La Commission est aussi intransigeante sur le financement des campagnes. Bien que possédant un empire commercial, il ne pourra pas utiliser l’argent généré par celui-ci sans passer par les canaux officiels.
Une série d’étapes administratives longues et pointilleuses l’attendent, et le temps joue contre lui. Quoi qu’il en soit Kanye dispose d’un délai de trente jours pour prendre un décision définitive et comme le conseil Nathan L. Gonzales : «Regardez pour voir quelles sont ses prochaines étapes. Si Kanye veut vraiment se présenter, il formera un comité officiel et mettra les choses en place pour devenir un candidat sérieux.»