Le trident danseur congolais de l’autre rive, plus connu sous le surnom de « Bana Ya Koyimbiko », qui a évolué dans le mythique orchestre congolais Wenge Musica Maison Mère (WMMM) de Werrason au début des années 2000, pourrait être le précurseur de ce que nous appelons aujourd’hui Afro dance. Oui, ils ont créé une danse « Koyimbiko » et une façon de se mouvoir très authentique dont l’impact est encore visible dans l’industrie musicale africaine 20 ans plus tard.
Aujourd’hui, Strong2kin Moov revient sur ces 3 merveilleux danseurs venus tout droit du milieu interstellaire, le contexte de leur intégration dans « Maison Mère », leur apport et la manière dont ils ont influencé l’Afro-dance. Ba Ya Koyimbiko, ces génies dont l’histoire n’a pas été raconté.
Nous sommes en fin 2001, la légende de la chanson congolaise Werrason est au sommet de son art et s’apprête à aller défier la mythique salle française, Zénith de Paris, avec un double concert à l’affiche. À l’époque, son Wenge Musica Maison Mère a le vent en poupe et la renommée du meilleur groupe musical de la République Démocratique du Congo. Son premier album solo intitulé « Kibwisa Mpipa » sorti dans les bacs au cours de la même année, cartonne partout sur le continent africain. Celui qu’on appelle Ya Nkoyi est en feu, mais il lui faut des nouvelles armes pour créer de l’effervescence autour de sa troupe avant d’aller se produire dans la capitale française.
Et l’une de ces armes viendra, mais pas de Kinshasa. C’est plutôt de l’autre rive du fleuve Congo que la lumière jaillira. Trois jeunes,Toms Régis dit Koyimbiko et Eric (nous n’avons pas pu trouver le non du plus élancé) en provenance de Brazzaville frappent à la porte de la Samba Playa, le quartier général et lieu de répétition de Werra. Dans leur bagage, la célèbre danse à multi-phases « Koyimbiko » et plusieurs d’autres chorégraphies. Séduit par le talent de ces danseurs extraterrestres, le Roi de la forêt les enrôle tout de suite.
Ils étaleront leur savoir faire et donnerons tout durant les préparatifs de ce double Zenith. Les poulains de Werrason (Bill Clinton Kalonji, Ferré Gola, JDT Molopwe, Baby Ndombe ainsi que les danseuses) s’imprégneront de leurs mouvements de danse et en feront siens. Deux de ces 3 danseurs iront avec le groupe musical W.MMM en Europe mais l’un d’entre eux restera à Kinshasa pour un problème de Visa. Et depuis, on a plus jamais entendu parler de ce dernier.
Le préparatif de double Zenith de Werrason en fin 2001. Retrouvez le trio à la fin de la vidéo
La double prestation de Werrason a eu lieu au Zénith de Paris le 26 et 27 avril 2002. Elle est considérée à ce jour comme l’une des meilleures performances scéniques de l’histoire de la musique congolaise en particulier et de l’Afrique en général. Jamais le spectacle d’un musicien basé en Afrique n’avait impacté l’industrie musicale comme celui-là. Le coupé décalé et la pop urbaine de Paname s’en sont énormément inspiré et continue à puiser dedans jusqu’aujourd’hui.
Extrait de la deuxième partie du double concert de Werrason au Zénith de Paris en 2002
Ils sont probablement les piliers de l’Afro danse
Les « Bana Ya Koyimbiko » lors d’un concert public de Werrason et son Wenge MMM à Kinshasa (2002). Toms Régis Koyimbiko et Eric ( nous n’avons pas pu trouver le non du troisième), le plus élancé. Les bases de l’Afro danse.
Vous avez visionné la vidéo ci-haut ? Eh bien, retenez bien ce que vous venez de voir car vous en aurez besoin. Entrons maintenant dans le vif du sujet. Avant de vous parler de ces trois danseurs aux talents hors pair et dotés d’une créativité extraterrestre, nous devons vous expliquer en amant ce que c’est l’afro danse.
L’Afro Dance, qu’est-ce que c’est ?
L’afro-dance est typique des cultures africaines, c’est en effet des mouvements de danses traditionnelles; mixées aux pas de Hip-hop, R’n’b ou autres danses d’origine occidentale. Elle n’a cessé d’exister, depuis l’époque coloniale à aujourd’hui. Elle s’est transformée et s’est inventée de nouveaux pas.
Riche de ses racines auxquelles s’ajoute des éléments nouveaux européens, l’afro-dance est sujet à une créolisation progressive, un véritable mélange culturel qui séduit le monde entier en particulier l’Amérique et la France… L’expression du visage et la façon de placer ses pieds sont primordiales. Pratiquée par tous, femmes comme hommes, jeunes comme vieux… Tous dansent aux rythmes rapides et toniques.
Jettez un œil sur lien ci-dessous pour plus amples détails et revenez
« Qu’est ce l’afro-dance ? » https://lavachecurie.wixsite.com/vachecurie/post/qu-est-ce-l-afro-dance
Observez bien les phases de mouvement et pas de ces danseurs d’Afro Dance dans la vidéo ci-dessous puis reprenez la lecture.
Afro Dance
Avez-vous vu les mouvements et pas de danse dans la vidéo ci-dessus ? Ce n’est pas pratiquement la même chose que le Koyimbiko mais Ils sont très similaires. Et à notre humble avis, l’Afro Dance de nos jours n’est qu’une évolution des bases posées par ces jeunes gens. Car dès par sa définition (c’est en effet des mouvements de danses africaines, mixées aux pas de Hip-hop, R’n’b ou autres danses d’origine occidentale) et si vous analysez les différentes phases de mouvement du corps saccadées de Koyimbiko, de manière lucide, vous vous rendrez compte que cette célèbre danse est en fait un savant mélange des pas de Ndombolo (musique dansante attribuée aux deux Congo), Smurf et break dance (deux styles qui ont vu le jour aux États-Unis d’Amérique).
L’énergie dégagée par le Koyimbiko et les chorégraphies du trio se rapprochent plus de celle de l’Afro Dance. Pour les exécuter, Il faut avoir de l’agilité au niveau de la hanche, de la souplesse, de la résistance car elle est faite des sauts et des acrobaties et est dansée sur une rythmique tonique. Tout ce qu’il faut pour faire l’Afro-dance actuellement. Chose que le trio faisait déjà 20 ans en arrière.
Les génies que l’histoire n’a pas mentionnés
Eh oui, ils ont révolutionné la danse en Afrique avec leur manière de se mouvoir très authentique et innovante. Beaucoup auront du mal à l’admettre. Pourtant, avec une observation méticuleuse et lucide, on s’aperçoit vite que plusieurs phases de danse qu’on retrouve dans le concept au centre de notre article sont similaires aux pas et mouvements inventés par cet incroyable trio.
Malheureusement, ils n’ont jamais été mis sur le piédestal afin de recevoir la reconnaissance du continent noir pour leur apport titanesque. Et nombreux parmi nos lecteurs ne les ont jamais vu à l’œuvre et ne les découvrent qu’ici.
La polémique autour du vrai géniteur de la danse Koyimbiko
Cependant, une polémique sur la question de savoir : « qui est le vrai inventeur de la danse Koyimbiko ? » persiste jusqu’aujourd’hui. Est-ce que le trio en est vraiment l’auteur ? Parce qu’il y a une opinion qui soutient la théorie selon laquelle, un certain Awoung, congolais de Brazza, qui en serait le vrai géniteur.
D’après cette poignée, la danse (Koyimbiko) est créée par Awoung, présenté ces années-là comme le meilleur danseur de la République du Congo. Il l’aurait exécuté pour la première fois devant le public lors d’une compétition inter-écoles. Le groupe musical « Patrouille des Stars » serait le premier à s’en approprié sous l’appellation de Bord-Bord.
Toms Régis dit « Koyimbiko » et le reste du trio, encore lieutenants du supposé auteur de ladite danse cité ci-dessus, auraient quitté Brazzaville pour Kinshasa après la sollicitation du staff de Werrason. Mais rien ne certifie cette hypothèse. Et donc, les « Bana Ya Koyimbiko » demeurent les seuls précurseurs de Koyimbiko.
Deux décennies après, l’impact de son onde de choc est toujours visible
L’impact est tel que même 20 ans plus tard, la danse de ce trio, son cri d’animation « Koyimbiko » (créé par Celeo Scram) et la batterie légendaire de Papy Kakol (le fameux « cradju-cradju ») offert au public au Zénith de Paris, continue de faire vibrer la nouvelle génération dont la plupart était âgée de 2 ans à l’époque ce double concert avait eu lieu. Il vient même de faire l’objet d’un challenge sur l’application mobile de partage de vidéo et de réseautage social Tik Tok.
Challenge Koyimbiko
Précision sur notre analyse
NB : Nous ne sommes pas en train de dire que les deux Congo sont les seules nations qui ont nourri l’Afro-dance ou que le trio est l’unique ou le vrai précurseur de ce mouvement d’autant plus que ce concept est un cocktail de plusieurs cultures. Nous avons juste voulu attiré votre attention sur l’immense apport du trio danseur a énormément nourri l’Afro-dance et l’a enrichi en mouvement. Car le Koyimbiko, les chorégraphies et la manière de se mouvoir inventées par ces 3 bonhommes ont eu une influence monstrueuse sur la musique africaine. Et il faut l’admettre. D’ailleurs c’est presque toutes l’Afrique qui puise dans la musique congolaise.
RM La Fleur Du-béton