«Puzzle» de Gaz Mawete : un carrefour des genres musicaux, une belle parade face à la tendance Afrobeats

Le charmant jeune chanteur congolais, Gaz Mawete, a mis en vente son tout premier album solo «Puzzle» pour le grand bonheur des auditeurs depuis minuit du 4 mars dernier. Un surprenant projet composé des 15 merveilleuses chansons dont 5 featurings de haut vol (Keblack, Dricks, Vegedream, Chily et Suspect 95) que vous pouvez d’ores et déjà découvrir sur Youtube, Spotify ainsi que sur d’autres plateformes dédiées à la musique. Nous en parlerons dans ce DÉBRIEF.

Comme il est coutume chez Strong2kin Moov à chaque fois qu’un artiste largue un nouvel opus sur le marché discographique, nous avons pris le temps d’auditionner «Puzzle» de manière méticuleuse avant de nous prononcer dessus.
Et après notre écoute, on peut vous confirmer que cet album est costaud et très bien ficelé.

Un album taillé sur mesure et calibré sur le public francophone ?

Dans son album Puzzle, Agara Binana a fait preuve de maturité artistique et de maîtrise du showbiz.
Ayant compris que le marché de disques est en grande partie miné d’opus qui sonnent Afrobeat, pour faire une parade à cette tendance et sortir du lot, l’artiste a proposé quelque chose d’original qui sonne différemment.
Et pour ce faire, il a dû revenir aux sources, Rumba, Ndombolo, un peu de folklore et tout ce qui vient du Congo avant d’aller puiser dans la pop urbaine de Paname.
La Pop urbaine de France ? Oui, et ce n’est pas pour rien.

Un bon projet musical doit toujours être calibré sur public cible car on ne sort pas son album pour plaire à tout le monde, c’est impossible. On risque de ne toucher aucun public.
Vous remarquerez que parmi les 5 collaborations que comporte Puzzle, 4 sont faites avec des artistes basés en France, une en Côte d’Ivoire (la plaque tournante du showbiz en Afrique francophone) et aucun anglophone.
Les intentions de Gaz et Bomaye Music sont claires, ils veulent sûrement reconquérir l’Afrique francophone et permettre à l’interprète de « Nani » à se faire un créneau en France. Donc on zappe l’Afrique anglophone. Si l’onde de choc de l’album l’atteint ce public, tant mieux.

Puzzle, un contre-pied artistique, un carrefour des genres musicaux et une belle parade face à l’assaut de l’Afrobeats

Alors qu’il était très attendu, au tournant même par une frange du public, Gaz Mawete a fait fort sur l’artistique et a mis tout le monde d’accord dans Puzzle. Son premier album solo est un contre-pied parfait dans le game car il a frappé là où personne ne l’attendait. Nous étions tous partis du mauvais côté dans nos têtes lorsqu’on essayait d’imaginer les couleurs que devrait avoir le contenu de ce projet.

À l’ère de l’afrobeat où la plupart de jeunes artistes urbains de la République Démocratique du Congo pompent et d’ailleurs surfent sur les vibes nigérianes, l’enfant terrible de Bomaye Music nous propose une musique authentique, ficelée de plusieurs genres musicaux. C’est rafraîchissant, une belle parade face à la tendance nigériane. En écoutant ce projet d’une oreille fine, nous avons également compris le pourquoi de son intitulé.
Car « Puzzle », c’est un jeu de patience constitué d’un grand nombre d’éléments, découpés irrégulièrement qu’il faut assembler pour reconstituer un dessin. Faire un puzzle. Et c’est vraiment à quoi ressemble l’album de Gaz.

Il a conçu cet opus avec patience et avec des éléments venant des différents styles musicaux qu’il a su mélanger ingénieusement pour nous faire des cocktails très succulents tels que Assez, qui est un mélange de la rumba congolaise aux sonorités R&B, un peu du folklore dans le titre Etumba, du Ndombolo 2.0 sur le morceau 500 où il fait du Atalaku avec Chily.

La chanson Miam Miam qui semble porter cet opus est également une rumba congolaise 2.0.
Les techniques vocales, la guitare, le clavier et le tempo utilisés dans cette piste sont congolais.

Cependant, la grosse caisse qui kicke et la base sont certainement tirées du RnB. On Y Go, cette collaboration avec Dricks est une pure espace du métissage qui se fait actuellement en France. Cette chanson, on ne sait pas la placer dans un genre car elle a des séquences qui résonnent comme du Zouk.

Dans Fofana, l’artiste nous sert une musique dont la cadence ramene au dancehall. Et sur le Titre «Tika», vous avez du Reggaeton. Donc comprenez que l’auteur de cette œuvre a dû assembler beaucoup d’éléments pour donner ces couleurs à son projet.

Un heureux mariage entre l’univers musical congolais et celui de la Pop urbaine de Paname qui nous émerveille déjà depuis 24 heures. À l’instant où vous êtes en train de lire ce débrief, Wizkid et Burna Boy sont peut-être choqués par l’ingéniosité de cet artiste (rires). Quelle parade !

Maintenant l’on comprend mieux pourquoi le prince de la musique congolaise a pris son temps pour réaliser cette merveille, pourquoi il était discret, calme, concentré et s’est montré serein après la tentative de sabotage de la sortie de son album en février dernier. Bravo l’artiste, ton taff est très propre.

RM La Fleur Du-béton

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